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Jeudi 23 septembre 2010

Après un stage d’analyse au Sénégal dans le cadre de ses études en travail social, Jodie Sanscartier n’avait qu’une envie : retourner en Afrique. L’occasion s’est pointée moins de trois semaines après son retour alors qu’elle recevait un coup de fil du Comité de solidarité de Trois-Rivières : « Le Mali, ça te dit? »

Jodie Sanscartier dans une école du Mali

Jodie Sanscartier dans une école du Mali

Pour l’étudiante qui entame sa troisième année en Techniques de travail social, l’offre était emballante : effectuer, pendant 75 jours, un stage spécialisé en communication sociale et en santé nutritionnelle à Dongorona, une petite communauté autarcique du Mali : « J’avais eu la piqûre au Sénégal mais je ne pensais pas avoir la chance de refaire si vite de la coopération internationale! Et pour un séjour de trois mois cette fois! Lors de mon premier stage, j’avais pris conscience que trois semaines c’est bien court pour comprendre vraiment une autre culture, mais en trois mois, tu as le temps de voir, de comprendre… et de mieux te connaître aussi! »

Jodie a été baptisée Noumuso Doumbia par sa famille d’accueil

Jodie a été baptisée Noumuso Doumbia par sa famille d’accueil

Jodie a donc entrepris une campagne de financement pour lui permettre de participer à ce stage volontaire. Si le but du voyage était d’abord de sensibiliser la population aux bienfaits du Moringa oleifera, une plante aux vertus nutritionnelles remarquables, l’équipe s’est aussi adaptée aux besoins de la communauté. Sur place, on a vite constaté que les besoins les plus criants consistaient à créer une parcelle maraichère pour cultiver la papaye et un jardin communautaire. Les femmes du village souhaitaient aussi sensibiliser les jeunes à l’existence d’un nouveau puits au village, plus sécuritaire que l’ancien. Jodie a donc mis la main à la pâte en participant par exemple à l’installation de clôtures pour le jardin communautaire.

De Jodie à Noumuso Doumbia
Si le voyage a permis d’aider les gens de Dongorona dans la réalisation de leurs projets, il a tout autant permis à Jodie de vivre une aventure humaine incomparable : « Une grande partie de nos échanges visaient à une meilleure compréhension mutuelle. D’une part, nous voulions démystifier l’image qu’ils se font du Canada, une sorte d’eldorado où la richesse et la prospérité seraient accessibles à tous. D’autre part, nous avons aussi beaucoup échangé sur leur culture, si différente de la nôtre. Même s’ils vivent dans une société aux valeurs traditionnelles, les Maliens se sont montrés très ouverts à nos questions sur la polygamie, l’éducation des enfants, les mariages arrangés. Nous avons été, de part et d’autre, secoués dans nos croyances mais c’était essentiel. Cela permet de diminuer l’incompréhension et les préjugés; en comprenant le contexte, on est plus en mesure d’accepter l’autre. »

Jodie a vécu à Dongorona une vraie vie de famille. Baptisée Noumuso Doumbia par sa famille d’accueil, elle a partagé le quotidien de la communauté 24 heures sur 24 : « J’ai tellement appris : vivre à leur rythme, rire avec eux, faire la cuisine, jouer aux cartes, travailler… Pendant trois mois, malgré les barrières langagières et culturelles, j’ai eu deux mères, un père, des frères et des sœurs du Mali. Je ne pensais jamais m’attacher autant. »

Bien sûr, la jeune femme revient avec une meilleure connaissance d’elle-même : « C’est l’action collective qui m’allume vraiment! Je reviens avec le désir de m’impliquer dans ma communauté, de changer les choses dans mon quartier, autour de moi. Une fois mes études terminées, j’aimerais travailler comme intervenante communautaire. Et, j’espère pouvoir participer à nouveau à un projet de coopération internationale… » Jodie tient maintenant à partager son expérience. C’est dans ce but qu’elle a offert, le 21 septembre dernier, une conférence pour faire connaître les stages organisés par Québec sans frontières. Qui sait? Peut-être que d’autres étudiants auront envie de vivre l’aventure de la coopération internationale…


Jodie Sanscartier au Mali