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Vendredi 12 mars 2021

Auteure : Nathalie Bourdeau, chercheuse chez Innofibre

Collaboration : Dominic St-Onge et Pascal Morin

 La pandémie de COVID-19 chamboule nos vies depuis maintenant un an. Les actions pour limiter la propagation de cette maladie causée par le virus SARS-CoV-2 font maintenant partie de notre quotidien. Bien que certaines études aient démontré que la transmission de la maladie par surface de contact n’était pas le mode de transmission principal, une hygiène stricte demeure essentielle. Sans se soustraire au rituel du lavage des mains, des technologies actuellement disponibles pourraient venir renforcer la protection contre les risques de contracter la maladie en touchant des surfaces contaminées. Spécialiste du développement de produits cellulosiques innovants, Innofibre a établi au cours des derniers mois une collaboration avec des chercheurs en virologie de l’Université du Québec à Montréal. Grâce à un financement du Conseil de recherche en science naturelle et génie du Canada, ce partenariat a conduit au développement de papiers inactivant jusqu’à 99% des particules virales à leur surface en moins de 10 minutes. Conçus avec des produits et des technologies communément utilisés dans le domaine des pâtes et papiers et de la désinfection, ces papiers pourraient rapidement se retrouver sur les marchés.

Les produits cellulosiques occupent une grande partie de nos vies. Tous les jours, nous sommes en contact avec des papiers, des cartons et naturellement, des papiers tissus de toutes sortes. Ces produits sont vastement utilisés pour de nombreux services essentiels : autant dans les domaines médicaux (ex. : papiers pour table d’examen médical), de l’emballage (ex. : boîtes de carton pour le commerce en ligne) et alimentaires (ex. : sacs d’épicerie et emballages en papier). Évidemment, par la manipulation de ces biens divers, nous entrons en contact avec ces surfaces qui deviennent des véhicules potentiels pour la transmission de bactéries et de virus. Heureusement, ces surfaces possèdent naturellement des propriétés physicochimiques qui réduisent la durée de vie de cette activité microbiologique. Des études ont démontré que le SARS-CoV-2 peut demeurer actif jusqu’à 24 heures sur une surface de carton et jusqu’à 3 heures sur une surface de papier ou de papier tissu. En comparaison, les surfaces de plastique ou d’acier inoxydable présentent une cinétique d’activité pour le SARS-CoV-2 beaucoup plus longue, soit au-delà de 3 jours. Ce phénomène serait attribuable aux caractéristiques physiques et chimiques particulières du papier, dont entre autres la porosité et les charges électrostatiques.

Afin de réduire davantage le temps d’activité du SARS-CoV-2 à la surface de produits cellulosiques que nous utilisons tous les jours, Innofibre a travaillé sur la conception d’un traitement de surface pouvant être appliqué sur des papiers fabriqués avec différents types de pâtes telles que la pâte kraft, la pâte thermomécanique et le carton recyclé. Du papier à civière, des sacs d’épicerie et des boîtes de carton pourraient être fabriqués avec du papier dont la surface a été traitée selon les développements réalisés par Innofibre. En plus d’être antiviraux, ces papiers démontrent une activité antibactérienne notable sur certaines bactéries potentiellement pathogènes comme E. coli. Ils pourraient donc, en plus de limiter la propagation par surface de contact de la COVID-19, contribuer à réduire la propagation de maladies d’origine bactérienne.

Pour l’équipe d’Innofibre, il était impératif de contribuer à l’effort collectif pour limiter la propagation de la COVID-19. En mettant à profit son savoir-faire dans le domaine des produits cellulosiques, Innofibre a pu relever le défi de développer des papiers antiviraux en 6 mois. Le Centre espère maintenant que ces produits pourront être mis aux services des collectivités le plus rapidement possible.