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Mercredi 16 mars 2016

Un texte de Réjean Paquet, directeur des affaires étudiantes et communautaires

Les 23, 24 et 25 février dernier se tenait un colloque sur l’éducation des autochtones au niveau postsecondaire. Cet évènement, organisé par le CICan (Collèges et Instituts canadiens) se voulait un rassemblement des divers intervenants des collèges et instituts canadiens dans le but de partager les bonnes pratiques en lien avec l’accueil, l’intégration et les mesures de soutien et d’accompagnement visant la réussite des étudiants autochtones.

Les différents thèmes abordés au colloque étaient balisés par les sept principes élaborés dans le cadre d’un protocole dans lequel collèges et instituts s’engageaient à améliorer leurs liens avec les communautés autochtones de leur territoire. Ainsi, depuis 2014, collèges et instituts sont invités à signer ce protocole dans le cadre d’un nouveau partenariat avec les communautés. Il se veut également un outil devant conduire à une certaine réconciliation entre les « blancs » et les communautés des premières nations. Vous trouverez plus en détail les principes de ce protocole en cliquant ici.

Depuis janvier 2015, le Cégep de Trois-Rivières a signé ce protocole en partenariat avec deux communautés atikamekws (Manaouan et Wemontaci) et s’apprête à le signer avec une troisième : Opitciwan. C’est dans ce contexte que, depuis l’automne 2014, la Direction des affaires étudiantes et communautaires a mis en place, avec l’implication de ces communautés, les services d’une ressource autochtone chargée de mieux intégrer et accompagner les étudiants atikamekws qui fréquentent le collège.

Aussi, plusieurs activités ont contribué à renforcer une forme de partenariat entre les communautés et le collège. La participation du cégep au colloque qui se tenait au Yukon cette année devenait des plus pertinentes. Il s’agissait pour nous d’aller nous enrichir des expériences des autres collèges au Canada tout en partageant également l’expertise que nous sommes en train de développer ici. C’est dans cette optique que j’y présentais un atelier permettant aux autres collègues des provinces et territoires de prendre connaissance de notre cheminement des dernières années. J’y ai présenté un atelier qui s’intitulait La réussite des autochtones, une responsabilité partagée.

L’idée était de faire valoir le fait que même si un collège a toute la bonne volonté du monde pour mieux soutenir cette clientèle particulière à travers une panoplie de services d’aide et d’accompagnement, il existe un fait, cette clientèle arrive dans nos murs avec une préparation plus ou moins adéquate sur plusieurs aspects. Cette partie du travail relève de la responsabilité des communautés. Nous pouvons les aider, les accompagner afin de mieux préparer leurs jeunes, mais il y a un travail en amont à faire qui relève de leurs responsabilités.

Il nous reste donc encore beaucoup de travail à faire et je sens de plus en plus les communautés prêtes à s’investir, et ce, d’une façon encore plus forte qu’avant.

Pour ma part, j’ai été à même de constater que dans plusieurs provinces les collèges sont beaucoup plus avancés que nous dans leurs partenariats avec les communautés et la place qu’ils font aux premières nations dans leurs murs. Dans certaines provinces, nous sentons vraiment une vision provinciale soutenue par une volonté politique réelle et une offre concrète de soutien aux collèges. Ce que je sens moins ici au Québec.

Je sais qu’il existe plusieurs initiatives dans notre réseau collégial pour mieux intégrer et accompagner la clientèle autochtone. Cependant, il n’y a pas de vision commune, il n’y a pas de concertation. Chacun y allant comme il pense. C’est pourquoi, je me propose dans les prochains mois développer un lieu d’échange et de mise en commun de ce qui se fait en ce moment et, par la suite, élaborer un guide des bonnes pratiques sur le soutien et l’accompagnement des étudiants autochtones au sein de notre réseau collégial.

En terminant, j’ai mentionné qu’il y avait un travail en amont à faire du côté des responsables de l’éducation des communautés, mais je crois qu’il y a aussi un travail à faire à l’intérieur de nos murs afin de mieux comprendre et découvrir la richesse de la culture autochtone. Notre milieu est encore imprégné de préjugés et d’une connaissance très superficielle des premières nations.

Si toutefois certains programmes d’études souhaitaient aller plus loin, n’hésitez pas à me contacter. J’ai maintenant quelques contacts au pays où il pourrait y avoir des possibilités de projets de coopération. Je pense même à des lieux de stages ou de mobilité étudiante ou enseignante dans des communautés autochtones comme le Nunavut ou encore en Ontario ou au Manitoba. Je suis certain que l’expérience en serait tout aussi enrichissante que partout ailleurs dans le monde.

Ekote matcacikw